LA BROCHE TREMBLEUSE
La mode du XIXème…
Au XIXème siècle, la mode féminine, caractérisée par d’amples robes à crinoline et des corsages ornés de nœuds et de fleurs, évolue avec l’apparition de bijoux spécifiques. À partir des années 1840, les joailliers imaginent des pièces s’harmonisant avec les tissus de l’époque, représentant souvent des motifs végétaux tels que le lierre, le liseron ou l’églantine qui habillent les corsages. Ces créations, qui peuvent également représenter des insectes ou de petits animaux, innovent surtout par leur technique de fabrication !
La broche trembleuse
Ces pièces sont ainsi définies dans le Dictionnaires de la Joaillerie : « Un motif joaillier, souvent en forme d’insecte ou de papillon, fixé à une monture munie d’un ressort, de sorte qu’il tremble au moindre mouvement. »
Cette mobilité, rendue possible par un système d’articulation ingénieux, confère à la broche un charme tout particulier, d’où son nom : «trembleuse».
Un mécanisme par ressort
Le mécanisme de la trembleuse repose souvent sur un système de ressort dissimulé dans une petite boîte. Le joaillier y insère un fil de métal qu’il tend avec précision pour créer une tension optimale. Cette boîte, fermée par un couvercle percé, accueille la tige de l’élément mobile, qui ainsi, vibre au moindre mouvement. Cette technique, est complexe à mettre en œuvre. En effet, elle requiert un équilibre délicat entre solidité et souplesse pour assurer à la fois la durabilité du mécanisme et la fluidité des vibrations. Certaines broches, particulièrement longues (elles pouvaient aller jusqu’à 60 cm), pouvaient même intégrer plusieurs éléments mobiles, rendant leur fabrication encore plus délicate.
Les transformations
Un autre atout des broches trembleuses réside dans leur caractère transformable. Grâce à des tiges et des vis, il était possible de détacher les différents éléments du bijou et de les porter de multiples façons : en broche, en bijou de cheveux, en version longue ou courte. Les écrins de ces broches sont d’ailleurs très instructifs. Bien que de nombreuses pièces soient aujourd’hui incomplètes, on y découvre parfois, sous le plateau, les outils nécessaires au démontage : tournevis, peignes, épingles… permettant ainsi de reconstituer le bijou dans sa configuration initiale et d’explorer toutes ses possibilités.
Les effets
Pourquoi un tel mécanisme ? Qu’est-ce qui motivait les joailliers à créer des bijoux animés ?
Les broches trembleuses, souvent réalisées en or ou en argent et serties de diamants, notamment de taille ancienne, répondent à cette question. Ces diamants, caractérisés par 58 facettes, une table plus haute et une culasse coupée, offraient une brillance moins intense que les diamants modernes. Cependant, en les montant sur un mécanisme oscillant, les joailliers cherchaient à dynamiser le bijou. Le mouvement de la broche, amplifiant les reflets de la lumière sur les diamants, leur donnait l’illusion d’être plus grands et plus brillants. Cette animation conférait au bijou une vie propre, s’inscrivant parfaitement dans l’esthétique romantique de l’époque, qui valorisait la finesse du travail et la légèreté. La trembleuse, en soulignant la féminité et la beauté de sa porteuse, devenait ainsi bien plus qu’un simple ornement.
Aujourd’hui
Les broches trembleuses sont aujourd’hui des pièces de collection très prisées par les amateurs de bijoux anciens. Leur rareté, due en partie à leur fragilité et aux démontages fréquents, en fait des objets précieux et recherchés. Bien plus qu’un simple bijou, la broche trembleuse est un véritable témoignage de l’art joaillier du XIXe siècle. Ce chef-d’œuvre miniature allie technique et esthétique, et son mouvement délicat en fait un objet fascinant, chargé d’histoire et de symbolisme.